Page:Manuel d’Épictète, trad. Joly, 1915.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

2. Et d’abord garde le silence le plus possible, ne dis que les choses nécessaires et en peu de mots. De temps à autre, sans doute, une occasion peut t’amener à parler davantage : parle donc alors, mais que ce ne soit pas sur le premier objet venu ; que ce ne soit ni sur les combats de gladiateurs, ni sur les jeux du cirque, ni sur les athlètes, ni sur le boire ou le manger ; que surtout ce ne soit pas pour t’occuper d’autrui, pour louer celui-ci, blâmer celui-là et comparer l’un avec l’autre.

3. Si tu le peux, tâche par tes propres discours d’amener la conversation sur des objets convenables ; mais si tes paroles doivent être perdues dans celles des autres, tais-toi.

4. Ne ris ni longtemps, ni souvent, ni haut.

5. Ne jure jamais, s’il se peut ; et si tu es obligé de le faire, que ce soit le mois souvent possible.

6. Évite d’aller loin de chez toi partager les festins du vulgaire. Si cependant une occasion t’y pousse, surveille-toi bien toi-même, de peur de te laisser aller à des manières communes. Sache, en effet, que si ton voisin se salit dans la débauche, tu ne pourras éviter de te salir toi-même dans ton commerce avec lui, si pure que ta conduite ait pu être jusqu’alors.

7. Pour tout ce qui regarde le corps, qu’il s’agisse du boire ou du manger, de l’habitation, de l’habillement, des domestiques, fais le strict nécessaire ; retranche complètement tout ce qui ne sert qu’à l’ostentation ou à la sensualité.

8. Épargne tes offenses et tes reproches à ceux qui ne s’abstiennent pas des plaisirs coupables, et ne va pas te vanter à tout le monde de ta vertu.

9. Si l’on t’annonce que quelqu’un a dit du mal de toi, n’entreprends pas de te défendre ; mais réponds : « S’il avait connu tous mes autres défauts, il en aurait dit bien davantage. »

10. Il n’est point nécessaire de paraître souvent dans les théâtres ; mais si quelque occasion t’y amène, montre que tu n’as attention à rien qu’à toi-même. Autrement dit, ne souhaite de voir arriver que ce qui arrive, de ne voir