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de son mal. Par conséquent, quand on est persuadé que la divinité ne peut nuire, qu’elle ne peut faire que du bien, on ne lui en voudra jamais[1]. Les stoïciens admettaient la divination et les présages ; ils y voyaient une conséquence de la bonté divine qui n’a pu refuser aux hommes une connaissance aussi précieuse pour eux que celle de l’avenir[2]. Épictète suit encore ici ses maitres (xxxii, xviii).

C’est surtout en ce qui touche la famille et l’État, en général nos relations avec les autres hommes, qu’Épictète s’écarte, sinon de la lettre, au moins de l’esprit du stoïcisme. Épictète rapporte toutes choses à l’homme intérieur, à l’usage de nos idées, à ce qui dépend de nous, c’est-à-dire aux opérations de notre âme, et il le fait si exclusivement que les différences de valeur entre les choses extérieures deviennent pour lui beaucoup moins importantes que les stoïciens n’étaient en général disposés à l’admettre.

Les stoïciens enseignaient que les affections de famille sont les plus pures de toutes, qu’il est conforme à la nature d’aimer ses enfants, que le sage se mariera, qu’il aura des enfants, que c’est un office à remplir envers l’État[3]. Le maître d’É-

  1. Manuel, xxxi, 4.
  2. Cicéron, de Divinatione, I, 38, 82.
  3. Diogène, VII, 120-121.