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XXVI

On peut reconnaître ce que veut la nature aux choses sur lesquelles nous ne différons pas d’avis entre nous. Ainsi, quand l’esclave d’un autre casse sa coupe, nous avons aussitôt sur les lèvres : « Cela se voit tous les jours. » Sache donc que quand on cassera ta coupe, tu dois être tel que tu es quand on casse celle d’un autre. Applique cette réflexion à des événements plus importants. Quelqu’un perd son fils ou sa femme ? Il n’est personne qui ne dise : « C’est la condition de l’humanité. » Mais quand on fait cette perte soi-même, aussitôt de dire : « Hélas ! que je suis malheureux ! » Il faudrait pourtant se rappeler ce qu’on éprouve en l’entendant dire d’un autre.

XXVII

Comme on ne place pas de but pour qu’on le manque, de même le mal de nature n’existe pas dans le monde1.

XXVIII

Si on confiait ton corps au premier venu, tu serais indigné ; et toi, quand tu confies ton âme au premier