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sur les rapports de corrélation. C’est ton père ; il t’est prescrit d’en prendre soin, de lui céder en tout, de supporter ses injures, ses coups. — « Mais c’est un mauvais père. » — Est-ce avec un bon père que la nature t’a mis en rapport intime ? C’est avec un père. — « Mon frère me fait tort. » — Eh bien, alors observe les rapports qui sont établis entre toi et lui ; ne t’occupe pas de ce qu’il fait, mais de ce que tu dois faire pour que ta volonté soit dans un état conforme à la nature : un autre ne te nuira pas, si tu ne veux pas ; mais on t’aura nui, si tu juges qu’on te nuit. De même avec les autres : si tu prends l’habitude de considérer les rapports de corrélation qui sont entre toi et un autre en tant que voisin, concitoyen, préteur1, tu trouveras quel est ton office.

XXXI

1. Sache que le fond de la piété envers les dieux, c’est d’en juger sainement, de penser qu’ils existent et qu’ils gouvernent l’univers avec sagesse et avec justice, et en conséquence de te donner le rôle de leur obéir, de leur céder et de les suivre en tout ce qui t’arrive, dans la pensée que c’est arrangé pour le mieux. Ainsi tu ne t’en prendras jamais aux dieux, et tu ne te plaindras pas d’en être négligé. 2. Or tu ne peux le faire qu’en ôtant les biens et les maux de ce qui ne dépend pas de nous pour les placer uniquement dans ce qui dépend de nous. Si tu crois que quelque chose qui ne dépend pas de nous est bon ou mauvais, infailliblement, toutes les fois que tu manqueras ce que tu veux et que tu