Page:Manuel d’Épictète, trad. Thurot, 1889.djvu.pdf/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment, si du moins tu es philosophe. Si c’est quelque chose qui ne dépend pas de nous, il faut de toute nécessité qu’il ne soit ni bon ni mauvais. 2. N’aie donc, en te présentant au devin, ni désir ni aversion ; ne tremble pas en approchant, sois convaincu que l’événement quelconque qui sera annoncé est chose neutre qui ne te regarde pas, que, quel qu’il puisse être, il sera possible d’en tirer un bon parti, sans que personne au monde t’en empêche. Aie donc confiance en recourant aux conseils des dieux ; et quand tu auras reçu ces conseils, il ne te restera plus qu’à ne pas oublier quels sont ceux qui te les ont donnés et à qui tu désobéirais, si tu ne les suivais pas.

3. Maintenant ne consulte les devins, comme le voulait Socrate1, que sur les choses où tout se rapporte à l’issue, et pour lesquelles il n’y a ni raisonnement ni art quelconque qui donne le moyen de connaître ce qu’on veut savoir ; ainsi, quand il faut se risquer pour un ami ou pour sa patrie, il ne faut pas demander au devin s’il faut se risquer. En effet, si le devin te déclare que l’état des entrailles de la victime n’est pas favorable2, il est évident que cela présage ou la mort ou une mutilation en quelque partie du corps ou l’exil, mais la raison prescrit, même avec cette perspective, de venir au secours d’un ami et de se risquer pour sa patrie. Obéis donc au plus grand devin, à Apollon Pythien, qui chassa du temple celui qui n’était pas venu au secours de son ami, qu’on assassinait3.