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L

Observe tout ce qu’enseigne la philosophie comme des lois que tu ne peux violer sans impiété. Quoi qu’on dise de toi, ne t’en inquiète pas ; cela ne dépend plus de toi.

LI

1. Combien de temps encore diffères-tu de te juger propre à ce qu’il y a de meilleur1 et de ne désobéir à rien de ce que la raison prescrit ? Tu as reçu les maximes envers lesquelles il fallait s’engager2, et tu t’es engagé. Quel maître attends-tu donc encore pour lui transférer le soin de t’amender ? Tu n’es plus un jeune homme, tu es un homme fait. Si tu t’abandonnes maintenant à la négligence et à la paresse, si tu introduis sans cesse délais sur délais, si tu remets d’un jour à l’autre de faire attention à toi-même, tu ne t’apercevras pas que tu ne fais pas de progrès, et tu ne seras jamais philosophe de ta vie, y compris le moment de ta mort. 2. Prends donc dès maintenant le parti de vivre en homme fait et qui est en progrès, que tout ce qui t’est démontré bon soit pour toi une loi inviolable. S’il se présente quelque chose qui soit pénible ou agréable, avantageux ou nuisible à ta considération, souviens-toi que le jour de la lutte est venu, que tu es maintenant dans l’arène d’Olympie, que tu ne peux plus différer et qu’il ne tient qu’à un seul