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I.


De l'identité de la tapisserie avec la peinture, sous le rapport de la composition de la couleur, de son mouvement et de ses formes dans la dégradation des tons.

Parlons d'abord de l'identité du modèle par le systême du clair-obscure, qui le peintre obtient par le travail de la brosse, et sa traduction en tapisserie par le systême des hachures-franches du tapissier.

Le peintre fait ses teintes sur la palette. Trois tons seulement, mais bien différents de hauteurs, y représentent sa teinte-locale.

Par le mélange du premier ton avec le deuxiême, comme par le mélange de celui-ci avec le troisième, le peintre obtient une foule de tons intermédiaires.

Avec le blanc il dégrade le premier jusqu'à la lumière, avec le noir il remonte le troisième jusqu'à l'ombre et fait un modèle aussi doux qu'il le veut :

La dégradation de ces tons, partie sur la palette, partie sur la toile, se fait par le travail de la brosse, là elle les multiplie, les étale, les resserre, leur donne un mouvement, une forme, les oppose ou les lie selon la volonté du peintre.

Le tapissier traduit ce même modelé, par le systême des hachures-franches, avec une seule gamme composée de 15 à 20 tons de la lumiere à l'ombre laissant entr'eux une distance de tons convenable afin que le mélange de leurs hachures ne grince pas à l’œil, car la matiere sèche est colorée dont ils se composent se mélange bien il est vrai