Page:Manzi - Livre de l'Atlantide.djvu/101

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échange se développait dans toute sa vigueur. Cette forme économique est simple et belle. Elle supprime le paupérisme et la fameuse lutte entre le travail et le capital de nos temps modernes. Pas de miséreux au sens propre du mot. Sans doute il y avait des riches et des pauvres. Mais les pauvres n’étaient que ceux qui savaient se contenter de peu et qui donnaient un effort minime dans la production. Ils travaillaient juste pour se nourrir, préférant le doux farniente à la richesse, résultat d’un effort plus grand. Les riches étaient au contraire ceux qui, travaillant beaucoup, récoltaient beaucoup. Personne en un mot ne mourait de faim et tout le monde avait l’assurance qu’au foyer femmes et enfants auraient leur pitance. Avec la décadence, cette belle organisation dégénéra. Cette conception du partage était basée sur une morale sévère, une conscience stricte, une honnêteté à toute épreuve. Aussi, dès que l’individualisme empoisonna les âmes et déchaîna dans les cœurs la cupidité, l’égoïsme, le goût de la paresse et du luxe, la morale en s’affaiblissant porta la perturbation dans ce système économique. Chacun voulut avoir la grosse part. Le moi remplaça le tous. La répartition ne fut plus proportionnelle à l’effort donné. Le bon plaisir et les procédés des magiciens noirs remplacèrent l’honnêteté. L’avarice naquit et le faible devint le misérable. Alors l’angoisse