Page:Manzi - Livre de l'Atlantide.djvu/72

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agréable, souple, aux livres pédants, mesquins, aux pensées claquemurées dans des phrases étroites. Puis, nos savants ne sont point, pour la plupart, des artistes. Ils ne prisent pas le pittoresque et la beauté des choses. La sensibilité est morte en eux. Ils ne conçoivent que l’abstraction. Aussi sont-ils peu faits pour comprendre ces peuples poètes, ces peuples enfants, qui adoraient les allégories et les rites pittoresques. Voilà sans doute pourquoi l’on a tant dédaigné de nos jours la science antique et les religions du passé. On ne les a point comprises, car nous sommes les enfants d’un climat brumeux, d’une civilisation résultant d’une lutte âpre contre la nécessité. Tandis qu’eux étaient les fils d’un climat adorable, prédisposant à la rêverie. Ils ignoraient cette atroce emprise de la faim qui, de nos jours, nous force à quitter nos travaux, à négliger l’art pour un morceau de pain. La nature leur donnait tout en abondance. Ils avaient su ne point l’épuiser comme nous, qui voulons la transformer à notre gré.

Enfin, nous ne connaissons du passé que la période de décadence, en un mot, celle qui est la plus proche de nous. Nous oublions trop que tout peuple ici-bas a une enfance, une maturité, une vieillesse. Et l’idée que nous nous faisons d’un peuple mort porte trop empreinte de sa période de décrépitude. Nous nous plaisons plutôt à en analyser