Page:Manzi - Livre de l'Atlantide.djvu/94

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monétaire reposait sur la sincérité des trafiquants. Il supposait une élévation morale très grande pour fonctionner, car toute dissimulation aurait entraîné dans les transactions une grave perturbation. En effet, il fallait que celui qui fabriquait sa monnaie eût une solidité morale suffisante pour ne point abuser de sa facilité d’émission en faisant circuler une valeur fictive double ou triple de la valeur réelle de ses biens. Il faut dire que l’éducation atlante développait chez les individus la clairvoyance, faculté psychique merveilleuse qui permettait de se rendre compte des états d’âme d’un être. De cette façon, il aurait été difficile de dissimuler et l’on avait intérêt à répondre à la franchise par la franchise. Mais ce fut justement parce que ce système économique nécessitait un esprit droit et scrupuleux qu’il périclita lorsque commença la décadence. Le désir, engendrant la cupidité, provoqua une émission fantastique de monnaie qui n’était plus en raison directe de la valeur réelle des biens. Puis à mesure que le corps reprenait ses droits sur l’esprit dans l’éducation, que la bête terrassait l’âme, que tout se matérialisait, devenait passionné et vicieux, la faculté de clairvoyance diminua de plus en plus. Alors ce furent les ténèbres, le chaos économique et, au temps de Poséïdonis, lorsque les esprits émus par la catastrophe de 80.000 ans essayèrent de réagir, on institua un nouveau