Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/65

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colporte ces méchants propos, il va s’emporter ; il est très violent.

— Est-ce à cause du caractère de M. votre mari que vous vous astreignez à ne jamais descendre en ville… à choisir ces lieux écartés comme but de promenade ?

Mme Pascal s’arrêta, scrutant Camille d’un regard aiguisé. Elle répondit sèchement :

— C’est par goût. J’ai l’horreur des jardins publics. Les endroits trop fréquentés ressemblent au salon des mondains qui reçoivent beaucoup : la banalité de ceux qui passent y déteint sur le décor.

— Combien vous avez raison ! Il n’y a pas de beau paysage sans solitude. Les environs de Montfleuri sont splendides, n’est-ce pas ? Surtout quand ce printemps les ensoleille…

— Ah ! ne vantez pas votre « sale » printemps !… Il m’a déjà toute hâlée… Regardez.

La jeune femme se rapprochait de Camille, frôlant son visage au menton du jeune homme, en lui désignant les imperceptibles taches de rousseur qui cernaient ses yeux d’un halo jaunâtre. Et Camille se grisait du parfum de