Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/45

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qu’une énergie venait au secours de sa faiblesse. Instinctivement, elle se cramponna des deux mains aux vêtements du docteur comme une noyée à son sauveteur, et sanglota doucement, brisée, apaisée, résignée…

Jack Warton éprouvait, de son côté, une étrange impression. Un soir, à New-York, il avait ramassé une jeune chatte abandonnée et l’avait rapportée chez lui, ainsi cramponnée à sa poitrine, s’accrochant éperdument à la bonne chaleur, accueillante… Et Jack s’était senti pris, invinciblement, par la caresse touchante de ces petites griffes agrippées à lui. Or, voici qu’il subissait une sensation analogue, au contact de ces petites mains frémissantes qui lacéraient le drap de son uniforme…

Rue Vaneau, Laurence l’entraînait dans l’escalier : « Venez, venez ! » Il grimpait derrière elle. Dans la chambre de la malade, rien n’était changé. La vieille Maria se tenait dans la ruelle, La Marquise d’Hersac respirait péniblement, la bouche entr’ouverte.

— Eh bien, Madame ! prononça doucement Jack Warton.

La malade, tournant la tête, le regarda d’un air étonné.

— Le docteur Martin viendra tout à l’heure, maman, expliquait Laurence. En attendant, laisse-toi examiner… je t’en supplie…

Le chirurgien soulevait le drap, palpait doucement la malade. Il tira de sa trousse une seringue Pravaz et, rapidement, la piqua sur la cuisse. Puis, il poursuivit son examen. Au bout d’un moment, une faible teinte rosée