Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/75

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Abasourdi, François d’Hersac considérait son interlocuteur avec une stupeur indicible. On arrivait devant le logis du sous-lieutenant, habitation agreste et rustique, : une pyramide de planches recouvertes de verdure que trouaient deux ouvertures figurant la porte et la fenêtre. À l’intérieur, une chaise de paille et un lit sur lequel François déposa la jeune fille. Puis, les deux jeunes gens s’efforcèrent de la ranimer avec un empressement qui participait presque autant de leur curiosité que de leur compassion. Un formidable fracas dont le retentissement ébranla leur abri vint à leur secours : au bruit, Teddy tressaillit et commença de remuer les bras.

François murmura avec indifférence :

— C’est le bombardement de T… qui recommence… tous les jours, à la même heure… Ces animaux de Boches ont la stupide régularité d’un métronome.

En effet, à partir de cette minute, les roulements de tonnerre se succédèrent sans interruption.

La jeune fille ouvrait les yeux et fixait sur ses compagnons, un regard hébété qui devint peu à peu lucide, étonné, interrogateur. Avec la finesse de sa race gasconne, François d’Hersac sentit qu’une question brusque, la surprenant