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Page:Marais - La Suisse assise, paru dans Les Annales politiques et littéraires, 09 février 1919.djvu/4

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— J’ose pas, toute seule.

La petite Bretonne rougit sous sa coiffe et tripote son tablier d’un geste embarrassé.

— Eh bien ! je vous accompagne, décide Gilberte. Soyez tranquille : moi, je sais toujours faire valoir mes droits.

La jeune femme se rend à la Banque Tonkinoise, escortée d’Annette. Au caissier rouquin, elle explique l’affaire, bien poliment. L’employé répond.

Gilberte s’irrite. Elle prend les clients présents à témoin, invective contre les employés. Le caissier, très ennuyé, va chercher le chef de service. Celui-ci s’insurge contre une telle réclamation : jamais une effigie dépréciée n’a souillé les plateaux de la Banque Tonkinoise.

Gilberte riposte avec véhémence. Alors, le chef, jetant un regard inquiet vers la porte du bureau voisin, chuchote impérieusement :

— Pas tant de bruit !… ou vous allez déranger M. le directeur.

Par une rosserie bien féminine, Gilberte se met à vociférer.