du coup un paquet de scaferlati à demi éventré, un morceau de pomme à quoi s’agglutinaient des poussières, enfin l’inévitable bout de ficelle. Puis il pointa le tout dans la direction de la boucherie.
— Mais je ne te demande pas le boucher ! Je le demande le coiffeur !
Obstinément, le petit gardait tendue sa main, avec tout ce qu’elle contenait.
Le voyageur cueillit dans son gousset un remerciement de cinquante centimes et voulut le remettre au jeune silencieux. Mais brusquement le bénéficiaire lâcha la pomme, la ficelle et le tabac pour aveindre la pièce et, au même instant, toute la bande l’imita, lancée d’un seul élan à la conquête de cet exceptionnel trésor. Il y eut une poussée violente. La petite Napoléon III du généreux donateur, arrachée d’entre ses doigts, tomba, tinta, roula. En tumulte, la horde tout entière s’accroupit. La pièce alors, comme pour l’accomplissement d’une bonne farce, ou peut-être par crainte des foules, ou plus simplement par esprit de suicide (dans la certitude monétaire où la plongeait cette querelle que l’argent ne fait pas le bonheur), se précipita,