Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/213

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tée sur toi. Tu es léger, volage, impitoyable pour les chagrins que tu sèmes sur ta route… Tu écris des lettres méchantes qu’on a la lâcheté de déchirer sans vouloir s’en souvenir… car, au moment de se fâcher, on redoute de se faire mal à soi-même… Je connais celle qui a la faiblesse d’être trop attachée à toi… Elle m’a chargée de t’interroger… A-t-elle eu tort de te pardonner, et doit-elle continuer à pleurer ?

En guise de réponse, Fanny se contenta de presser tendrement le bras de la pauvrette. Une peur invincible de se trahir par le son de sa voix la contraignait au mutisme, et, pour cacher sa gêne, elle porta câlinement à ses lèvres la main de la jeune fille dont le contact lui produisait une sensation tout ensemble bizarre et douce. Enfin, apercevant Mme de Tresme, qui les observait avec l’intérêt le plus vif, le faux Kolding chuchota d’un accent étouffé :

— Ne restons pas ici, veux-tu ?

Thérèse ne remarqua pas de différence dans le timbre de la voix, chacun, ce soir, s’exerçant à contrefaire la sienne. Docilement, elle suivit Fanny qui cherchait en l’entraînant à se débarrasser de la mère. La salle des fêtes avait été aménagée à la manière d’un casino de la Ri-