fermer dans sa chambre. Il m’a été impossible de tirer le moindre éclaircissement de cette enfant extrêmement têtue sous son apparente douceur. J’en suis réduite aux conjectures sur ce qui s’est passé pendant la nuit du bal. Un moment, j’avais soupçonné ce mauvais sujet d’Edvard d’avoir voulu lui manquer de respect, dans le feu de son enthousiasme amoureux : ma fillette est si pure, si innocente qu’une trop brûlante manifestation de tendresse pouvait provoquer, chez cette petite hermine, l’éloignement, le dégoût que semble lui inspirer maintenant son fiancé. Mais je me trompais… En effet, quel que soit son égarement passager, le comte Kolding n’en reste pas moins un galant homme. S’il avait été trop entreprenant avec Thérèse, c’était du coup la réconciliation complète, l’engagement irrémissible ; et il s’empressait de me présenter ses excuses ce matin même. Or, je viens de le croiser dans les jardins du Casino et il s’est éloigné vivement, d’un air gêné, après m’avoir saluée avec une froideur visible… Ce n’est guère le fait d’un fiancé coupable d’un excès d’impatience… Ma supposition se trouve mal fondée.
Alors ma tête se perd et j’en ai la migraine.