caressaient le jeune homme comme des baisers légers :
— Edvard, votre mère va vous tenir un langage juste, sensé ; elle vous donnera des conseils raisonnables et terribles qui seront pour moi autant de coups de poignard. Mon ami, mon aimé, ne vous laissez pas convaincre par sa sagesse redoutable ! Pensez, avant tout, au désespoir intolérable qui resterait derrière vous : sans votre présence, l’avenir ne serait plus devant mes yeux qu’un trou noir. Je ne suis pas une exaltée, je n’avais jamais subi d’entraînement avant notre rencontre. Je jouissais de la vie sans m’y attacher beaucoup, avec une quiétude indifférente mêlée de tristesse et d’ennui… Puis, je vous ai vu et vous avez capté mes sensations, mes aspirations, mes désirs, vous avez fait tressaillir mon cœur, mes nerfs, tout mon être. Vous m’avez révélé la joie de vivre. Je n’ai que vous au monde ; quoi qu’on vous dise, je suis digne de vous, digne de mon bonheur : Edvard, Edvard, m’abandonnerez-vous ?
Le flux de ses paroles s’était déroulé impétueusement. Soudain, elle dut s’arrêter, tremblante, les cils battants ; l’angoisse montait à