Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/63

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Il excitait tout naturellement sur son passage l’aversion masculine. C’est dire de quelle flatteuse sympathie l’enguirlandaient les femmes. De quoi, d’ailleurs, il ne tirait aucune vanité. À un physique enviable, le comte Edvard n’alliait pas cette aisance fanfaronne qui trop souvent s’épanouit chez les hommes beaux avec une plénitude odieuse. Il était un Don Juan, mais un Don Juan timide, — espèce rare.

Dès l’instant qu’il paraissait dans un salon ou une salle de théâtre, les regards des femmes assemblées dans ce lieu de plaisir ou d’ennui, tous les regards convergeaient sur lui ; aussitôt il s’inquiétait de cette admiration œcuménique :

— Mais qu’ai-je donc de particulier ?

En crainte du ridicule, il rougissait, ce qui mettait à sa beauté un peu plus de piquant.

Il fuyait la fade banalité des femmes dites honnêtes et l’impénétrabilité quasi-hermétique des jeunes filles prétendues bien élevées. Les unes et les autres l’embarrassaient, sans le séduire. Au contraire, avec une curiosité imputable à son jeune âge, il recherchait des ap-