Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/80

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désœuvrement et la délicatesse de ses grâces précoces.

Dès sa quinzième année, et même un peu avant, Fanny s’était vu solliciter sur tous les tons, par tous les âges, tous les sexes et toutes les races, surtout par les Allemands dont le Berlinois Heinz Tovote expose complaisamment, (statistiques judiciaires en mains) les préférences pour la gamine impubère, longues tresses et jupes courtes. Les femmes de chambre de l’hôtel se constituaient des dots honorables avec les pourboires dont on les soudoyait en leur remettant des déclarations, fadasses ou cyniques, pour la fillette du Patron. Celle-ci, d’ailleurs, sans même les lire, les convertissait en papillottes indifférentes.

M. Thulette n’aurait pas été M. Thulette s’il ne s’était aperçu que, dans cette créature savoureuse, d’intelligence éveillée et de sens endormis, sa fille, après tout, il possédait un trésor. Imbu de l’idée qu’un trésor en doit, forcément, engendrer d’autres, il résolut de l’exploiter. Bien vite il constata que la notoriété de Fanny, désastreuse, s’étendait… Bien vite aussi, il se rendit compte que la Renommée mentait en attribuant à Mademoiselle Thu-