Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/85

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tures et d’aventuriers, la Nature et les êtres subissent une sorte d’enchantement extérieur qui leur confère un prestige factice, exotique, théâtral, qui crée une flore monstrueuse et des personnages de feuilleton, l’optimisme d’Edvard conclut : « Après tout, il se peut que ce soient des gens très honorablement connus dans leur pays d’origine ».

Et lui-même, d’ailleurs, présenté comme un comte norvégien, quelle impression produisait-il à ces Espagnols et à ces Américains, sinon celle de l’inconnu titré, équivoque et lointain, que l’on rencontre sur la Côte d’Azur, traditionnellement ?

Vive et preste, Fanny se trouvait déjà dans la cour de l’hôtel, installée sur le siège d’une puissante auto dont elle maniait le volant d’une main experte, afin de la ramener devant le perron où attendaient les excursionnistes. Edvard se confia, non sans une nuance d’ironie : « Cette fois, ce sont ses talents de chauffeuse qu’elle met en valeur. Pour qui ? Pour le Brésilien ou pour le Yankee ? » Il jeta un regard d’inquisition sur ses voisins : mais le marquis Yuerta, — un homme grand, sec et droit à l’œil de braise, aux gestes rares, dont le fin