Page:Marais - Le Huitieme Peche.pdf/119

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

gaspillent le patrimoine qui eût constitué leur dot. On leur apprend à goûter la richesse, les plaisirs délicats, les belles choses ; on leur enseigne à merveille l’art de dépenser l’argent, de diriger un personnel domestique, d’ordonner une réception : bref, on en fait des fiancées accomplies pour millionnaires. Et le jour où les épouseurs se présentent, le père de mademoiselle, en guise de dot, offre de servir aux jeunes mariés une rente dérisoire dont le capital n’est même pas assuré. Que peuvent-elles devenir, les malheureuses, avec une éducation pareille !… Elles conquièrent rarement l’homme fortuné et elles effrayent l’homme pauvre… Puis, ce sont les nièces, les sœurs, les cousines… Un Lambert-Massin se croit charitable de faire vivre à ses côtés une parente indigente, tandis qu’il agit comme une espèce de malfaiteur : car, c’est une épreuve dépravante que de jouir du luxe en usufruit… Quelle conscience y résisterait ? Claude Gérard est désarmée par sa jeunesse autant que par la vie : est-on capable de suivre une ligne de conduite, à vingt ans, lorsque l’âme juvénile