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chaste amour qu’elle éprouve le séduit inconsciemment. Il subit le charme de cette ingénuité qui se dérobe à la façon de Galatée ; dont le cœur s’offre, quand sa pudeur se rétracte ; qui redoute d’être poursuivie par lui et qui craint de le perdre dès qu’il s’éloigne d’elle ; et lui sourit des yeux, lorsqu’elle vient de se reculer peureusement : anxieuse à l’idée de le mécontenter, effarouchée à la pensée de lui plaire.

Une amoureuse aussi virginale deviendrait-elle la demi-grue dépeinte par Asquin ?

Georges le déplore sincèrement. Il croit, en ce moment, à la candeur de la jeune fille ; il forme le projet chevaleresque de la respecter, de la protéger envers et contre tous — et contre lui, d’abord.

Mais, tout à coup, la beauté de Claude apparaît à ses regards : il se rappelle ses lèvres rouges, juteuses comme un fruit de chair pourpre ; ses yeux sombres dont la prunelle scintille de lumière noire ; ses cheveux soyeux, au reflet d’or cuivré ; et la forme parfaite du corps moulé sous sa gaine de serge collante.