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conseils et n’alourdira point son budget de bouches inutiles à nourrir. Tant qu’on vit à deux, on peut toujours s’arranger… ne craignez rien, Claude : vous n’aurez pas d’enfants.

— Mais, si je me marie j’espère bien que j’en aurai, des enfants ! proteste vivement Claude. Je veux un fils, d’abord… pour qu’il ressemble à papa et devienne musicien. Qu’est-ce que ça fait, de vivre moins largement ? On a ces petits êtres à aimer ; on ne se sent plus seule au monde…

Et elle ajoute — trahissant, par ce cri, les rancœurs des filles qui vont au mariage sans amour :

— Ce sera mon unique consolation, d’avoir des enfants !

Les Lambert-Massin se contemplent avec stupeur : à leur point de vue, il est rare qu’une vierge de la société moderne envisage la maternité comme un bonheur naturel ! Décidément, cette petite Gérard est extraordinaire. Léon se remémore, non sans indulgence, la profession de foi que lui fit Yvonne à ce sujet : « Moi, je ne tolérerai pas qu’un homme me déforme… À moins que mon mari ne soit