Page:Marais - Le Huitieme Peche.pdf/147

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mandé chez le patron pour quelque question de service et se voir mis en demeure d’expliquer séance tenante le projet qu’il juge si audacieux… C’en est trop pour le malheureux garçon, qui transpire d’effroi. Ce n’est pas sans raison, d’ailleurs, que Léon agit ainsi. M. Lambert-Massin n’ignore point que son prestige de supérieur s’exerce beaucoup mieux ici qu’avenue d’Antin ; il estime que Jacquard se décidera plus facilement à entrer dans ses desseins, s’il est intimidé par le respect professionnel.

Aux premiers mots que l’employé, paralysé, s’efforce à balbutier, Léon croit comprendre que la partie est gagnée d’avance. Il se frotte gaillardement les mains. M. Lambert-Massin est aussi joyeux qu’aux jours où il obtient à un prix dérisoire, du sculpteur ou du graveur aux abois, l’œuvre qu’il fondra à plusieurs milliers d’exemplaires et qui lui fera réaliser le gros bénéfice.

Et, bienveillant, avec la condescendance d’un protecteur, Léon encourage Jacquard :

— Allons, mon ami… Ne vous mettez pas