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frais vous cingle le visage, apportant des bouffées d’odeurs diverses : goût acide des pommiers, parfum suffocant des sureaux, senteur pénétrante des chèvrefeuilles. Yvonne, indifférente à tout cela, continue son flirt avec Henri, éclate de rires factices, aussi froide, aussi coquette que dans un salon parisien. Mais Claude jouit de cette heure exquise avec une sensibilité presque douloureuse d’intensité. Ses yeux contemplent ces plaines qui s’étendent à l’horizon et dont le tapis uni semble une répercussion de la mer, dans une tonalité d’émeraude plus accentuée. Ses narines s’écartent, pour aspirer plus profondément les émanations de la nature. Claude est grisée par l’ivresse de la campagne : elle se trouve très heureuse, tout à coup, sans savoir pourquoi…

Georges l’épie. Très habile, le jeune homme se garde d’effaroucher cette timide en extase ; mais, ayant remarqué son affection pour Madeleine, il s’occupe de la petite fille, entame avec elle une conversation puérile où il s’agit de nids d’oiseaux, de fruits, de fleurs des