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On est forcé de s’incliner devant la fatalité des choses.

Claude prend congé des Halberger avec des paroles banales. La séparation est presque froide.

La jeune fille descend péniblement de cette maison où elle a connu une nouvelle peine. Maintenant, la voici sur le boulevard de Strasbourg avec cette atroce sensation d’isolement qui saisit les déshérités sans attache lorsqu’ils sont perdus au milieu de la foule étrangère.

Claude murmure : « Papa ! » comme on appelle au secours. Lui seul aurait eu confiance en sa fille, l’aurait protégée contre toute embûche. À cette heure de détresse, dans ce quartier familier qui lui remémore leurs promenades à deux, il semble à Claude qu’elle est orpheline pour la seconde fois. Elle pense : « Mon Dieu, que je suis malheureuse !… Je ne peux compter sur personne. Je n’ai rien. » Soudain, elle prononce machinalement une phrase qu’elle se souvient d’avoir lue dans Crime et Châtiment : « N’avoir plus où aller… » Jusqu’ici, elle n’avait point compris la portée