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Claude regarde tour à tour les convives de ses cousins : ce déjeuner du dimanche lui rappelle l’un des premiers repas qu’elle fit ici, quelque temps après la mort de son père. Voici Irène d’Albret, toujours placée à côté de Joseph Asquin ; Colette, à la gauche de M. Lambert-Massin ; Marthe ayant immuablement Henri Derive à sa droite et Georges à sa gauche ; puis, la grand’mère abhorrée et vénérée, trônant à la place d’honneur près de son gendre qui la comble de soins perfides, la bourre de plats défendus, lui remplit son verre de vins généreux, aspirant à la bienheureuse indigestion dans laquelle expirent les vieillards gourmands.

Mais aujourd’hui, les yeux de Claude sont décillés : elle observe avec acuité ces visages menteurs dont elle n’est plus dupe ; son regard a pris l’expression ironique et désenchantée du regard d’Yvonne.

On passe au salon. Madame Lambert-Massin