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lage d’une fruiterie afin d’éviter la table mouillée et les chaises de fer d’un débit de vins : les deux boutiques de la maison. Une commère en tablier bleu dévisage indiscrètement la belle dame ; le mastroquet, éméché, obèse et paterne, s’avance jusqu’au seuil de sa porte. Écœurée, Marthe a la nostalgie de son avenue aristocratique ; elle glisse un regard vers le chauffeur : Émile et sa patronne sympathisent en la communion d’un même dégoût.

— Montons, madame, dit madame Halberger qui entraîne Marthe.

Un escalier obscur. Marthe suit sa compagne en se cramponnant à la rampe. Elle entend des pas derrière elle : c’est la concierge qui forme cortège avec la fruitière et le marchand de vins. Ils murmurent : « C’est la cousine de ce malheureux monsieur Gérard ! » La solidarité sans-gène des pauvres gens, qui s’introduisent d’autorité au foyer des voisins éprouvés par un décès, scandalise madame Lambert-Massin ; néanmoins, elle s’abandonne à la satisfaction inavouée d’avoir un public : ces individus constatent la condescendance de