Page:Marais - Le Mariage de l adolescent.pdf/184

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Je la serrais dans mes bras sans qu’elle songeât à se dégager. Un découragement exaspéré me prit, à sentir Geneviève si près de moi à l’instant proche de notre séparation.

Je m’exclamai âprement :

— Ah ! Vous ne savez pas ce que j’éprouve… Vous pouvez craindre encore la foudre, craindre les dangers de mourir… Moi je ne puis craindre que de vivre. Je redoute de suivre le mouvement humain, d’être un atome de plus dans la souffrance universelle… Notre existence est une chose si brève, nous la conservons si peu de temps à l’abri de la destruction pour la voir finir dans la pourriture, que le seul bien que nous possédions est la faculté de l’abréger dans une minute de suprême délice, pour