Page:Marais - Le Mariage de l adolescent.pdf/195

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même conception. Mes amis veulent me modifier, non qu’ils méprisent ma manière d’être, mais simplement parce qu’elle diffère de la leur. Ce ne sont pas des libertins qui cherchent à me détourner du droit chemin. Ils n’ont point le dégoût de la vertu : ils ont celui de l’étrangeté. Je suis seul, parmi ces jeunes gens, à vivre sans maîtresse et à m’amuser sans excès. Ils en tirent cette conclusion élémentaire que c’est donc moi qui ai tort ; et ils érigent leurs mœurs en principes collectifs. Ainsi n’est-ce que la logique du nombre qui triomphe et non celle de la raison. Si, au contraire, ma vertu représentait la généralité et leur vice l’unité, ils pratiqueraient celle-là et répudieraient celui-ci. Et j’en arrive à me demander : « Si