Page:Marais - Le Mariage de l adolescent.pdf/212

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ner l’illusion de l’amour. Vous constatez l’affreux désert de votre cœur ; et soudain, devant vos yeux, passe l’image d’une créature qui ne se vend pas, d’une innocence que vous avez oubliée ; et vous regrettez une douceur perdue : la douceur de croire.

Vous vous apercevez que vous êtes l’ennemi de votre propre pensée, le bourreau de votre être, livrés au sort anormal qu’est l’existence d’un désabusé de vingt ans.

Car vous vantez l’ivresse, vous appelez l’abrutissement du jeu, la torpeur qui suit les excès de la chair, comme les seules consolations humaines. Mais croyez à quelque chose et vous serez sauvés : vous aurez des nausées devant votre verre plein, devant la drôlesse qui s’offre…