Page:Marais - Le Mariage de l adolescent.pdf/69

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mari, artiste convaincu et raffiné ; trop consciencieux pour se faire valoir, trop sincère pour être habile : qui obtint du succès auprès de l’élite sans savoir conquérir la vogue qui enrichit.

Et lorsque je quittai la villa, elle me serra la main comme à un ami ; sa fille souriait doucement ; j’emportais de ma visite une impression réconfortante et délicieuse.

J’étais enfiévré d’espoir, grisé d’amour ; une surexcitation extraordinaire me bouleversait.

Je me sauvais comme un voleur ; en effet, j’avais volé quelque chose : une part de félicité trop belle pour un seul être. Mon bonheur était violent à m’en faire mal : je le tenais serré en moi-même ; et il me dévorait le cœur, ainsi que le