Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/10

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quittée et songe que les journaux, en rendant compte du drame, donneront la liste complète de ses œuvres — voire l’adresse de son libraire.

Ainsi, le fait divers d’aujourd’hui tourne à la publicité gratuite.

Le moyen est facile : lorsque son éditeur ne tire pas assez d’éditions, l’auteur tire des coups de revolver — sur son mari, sur son amant, sur un passant… sur n’importe qui. Et le « bon à tirer » envoyé à l’imprimerie peut fournir un jeu de mots ironique.

N’y en eût-il qu’une seule, la brebis galeuse est un danger pour le troupeau ; il faut combattre le prestige de l’auréole rouge.

Voilà pourquoi cette histoire — qui aurait pu arriver, car elle renferme toute l’invraisemblance des histoires vraies — s’efforce de présenter telle qu’elle est, c’est-à-dire haïssable, la lettreuse malsaine et déséquilibrée, pour qui la vengeance n’est qu’une manière de réclame et l’esclandre une Gloire en strass.