Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/278

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autre côté, j’ai rendez-vous avec Mallet, à la librairie ; il va me remettre sans doute quelques exemplaires de mon livre… Il le lance à la fin de ce mois, dans une huitaine de jours. Je suis ballottée entre le désir de connaître la solution de mon affaire et le besoin puéril de contempler ma besogne de huit mois habillée de sa couverture jaune. Que voulez-vous, j’ai mon métier dans le sang : aurais-je écrit vingt romans que je ne serais pas encore blasée sur les joies qu’il procure… Alors, si vous étiez bien gentille, vous m’attendriez ici (je n’en aurai pas pour longtemps ; je serai de retour dans une heure) et, lorsque mon bonhomme téléphonera, vous répondrez à ma place afin de me rapporter sa communication… Figurez-vous que ma vieille Maria est arriérée à tel point qu’elle n’a jamais compris le maniement de l’appareil ; elle est un peu sourde, elle n’entend guère ce qu’on lui dit et touche d’un doigt méfiant cet objet compliqué qu’elle a peur de détraquer. Elle me répéterait tout de travers ce qu’aurait téléphoné maître Pradin : vous me rendrez un vrai service en la remplaçant.