Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/331

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tuer son seul ami et il restait muet devant elle,

— pétrifié… Il éprouvait du dégoût et de la haine envers l’esprit criminel qui avait agencé le drame ; mais, il se souvenait d’avoir encore dormi la nuit dernière dans ces bras parfumés ; cette main, qui avait osé le geste meurtrier, lui dispensait les plus chères caresses…

Et Francine n’avait rien à craindre de lui. Il l’aurait vue mourir sous ses yeux sans en être affligé, mais il était incapable de toucher une parcelle de cette chair en fleur qui l’avait fait pleurer de volupté.

Et s’approchant de celle qu’il détestait et désirait tout à la fois, Maxime gronda à voix basse :

— Tu avais prémédité ton acte, gueuse… Tu es sans excuse… Je le sais, moi. Il y a un mois que je t’ai avoué la supercherie de Jacques et l’échec de ton plan. Si tu avais obéi seulement à un accès de fureur irrésistible, c’était dès le lendemain que tu essayais de te venger… Ta conduite est ignoble et inexplicable, comme toujours… Qu’est-ce que tu attendais ?… Dis… qu’est-ce que tu attendais ?