Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/62

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dant quinze jours, plantant là ton travail et ton ami…

— J’ai été occupé… L’approche du jour de l’An… un tas de courses très embêtantes…

— J’ai aussi mes obligations de fin d’année, observa doucement Lorderie. Enfin ! puisque je te tiens, à présent, je ne te lâche plus… tu vas me reconduire.

Maxime, visiblement contraint, suivait Lorderie sans parler, l’œil fuyant et le front morose. Jacques l’examinait à la dérobée, en pensant : « Qu’est-ce qu’il a ?… Il me boude ? »

Une sollicitude inquiète animait ses bons yeux de chien.

Notre cœur est semblable à ces glaïeuls trop fournis dont les fleurs s’écrasent sur une tige étroite : l’une d’elles s’épanouit, étalant franchement ses larges pétales ; mais les autres, flétries en bouton, étouffées sous le nombre, meurent avant de s’ouvrir. Ainsi, dans notre cœur, s’étiolent de multiples sentiments, atrophiés aux dépens d’un seul.

Quelques hommes ne connaissent que l’amour filial. Il en est qui sacrifient tout à