Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/92

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lorgnait Francine avec insistance, Maxime, fouetté d’une jalousie subite, s’avança vers la jeune femme et la saisit par le bras.

— Tiens !… C’est vous, dit tranquillement Clarel en reposant son livre.

Elle avait une façon de l’accueillir — froide, polie, sereine — qui le déconcertait toujours. Avec elle, les débuts d’entretien languissaient : il fallait établir le « courant ». Fargeau proposa, pour échapper au va-et-vient du boulevard :

— Voulez-vous me permettre de vous offrir une tasse de thé ?

— Oui… À la condition que ce thé soit du Marsala… J’aime mieux le vin de Sicile que la tisane de Chine.

— Je sais justement un petit endroit où le Marsala est authentique.

Le petit endroit de Maxime n’avait rien de remarquable, quant à l’excellence des produits qu’on y débitait ; c’était une pâtisserie anglaise assez mal achalandée ; il se souvenait de son salon désert où errait la demoiselle mélancolique. Cette solitude propice avait décidé de