Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/117

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Ces réflexions me sont inspirées par l’attitude de Paul Bernard, depuis son retour. Paul — qui possède la qualité que je préfère à toutes : une franchise brutale d’homme primitif — Paul se contraint pour observer une tristesse de bon ton, tant il est heureux de m’avoir retrouvée. Marié très jeune, et par raison, à une femme qu’il n’aima jamais, Paul s’estimait plus veuf de moi à Schweinfurt, qu’il ne se sent légalement veuf à Paris. Afin de pouvoir venir ici sans se faire taxer d’incorrection, il m’a priée de fermer ma porte à toutes nos connaissances : finis, les soirées, les réceptions, les dîners tumultueux… Je me cloître dans la solitude pour accueillir Paul sans que son monde s’offusque. Et je vis aussi recluse que si c’était moi qui eusse perdu quelque parent. Ô très riche et très puissante épouse de mon seigneur et maître, vous ne vous doutiez guère que la maison de Nicole porterait le deuil de Rachel Bernard !…

La vie est une chose comique, par moments.

Cet après-midi, Paul m’emmène au Bois. L’auto roule doucement, suivant de jolis che-