Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/12

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nais souper chez la maîtresse de Paul Bernard, le richissime industriel ?

— Oui, oui… Mais, tout à l’heure, Nicole s’est approchée de moi ; nous avons causé : ses propos n’ont rien de la vulgarité de ton du demi-monde, encore moins de la futilité du monde… Ils dénotent une originalité de vues, une culture déconcertante… Et j’en suis resté tout perplexe.

— Une conversation a suffi pour vous désorienter ? Vous êtes amoureux, mon petit Julien !

— Non, c’est autre chose : j’éprouve la même impression que si j’avais bu du vouvray en le prenant pour du vin de Bordeaux… Il me semble que cette charmante courtisane ne répond pas à son étiquette. Comprenez-vous, Fréminet ? Voilà pourquoi je vous demande : qui est Nicole ?

— Une fille pas bête, une femme exquise, lancée depuis quelques années dans la vie parisienne, et sachant y marquer sa place à part. Jolie, féline, séduisante, elle a une réputation d’esprit qui n’est pas surfaite ; et les lettrés spirituels qui peuplent sa salle à manger ne sont point tenus de lui fabriquer ses mots, afin de