Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/131

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fabriquais ?… Nos amis sont arrivés cinq minutes après ton départ…

— C’est une veine de se retrouver sans s’être entendus, hein ? ajoute Nadine.

Maudissant la rencontre fortuite, je répète, lugubre :

— Une veine, en effet.

— Qu’as-tu donc ? insiste la danseuse, ta figure est presque aussi joyeuse que celle de Landry.

Et elle me désigne le banquier, taciturne, absorbé, qui tourne machinalement une paille dans la glace pilée de son sherry-gobbler. Il semble avoir mal au cœur, Landry Colin. La petite Polonaise continue, tout bas :

— Il est assommant, Landry. Depuis huit jours, il ne cesse de faire cette tête-là ! C’est plutôt lui qui a l’air d’un veuf de la semaine dernière, que Paul Bernard ! Nous allons le « semer » grâce à Fréminet, qui nous emmène ce soir à la générale du New-music-hall : je débute à onze heures dans le nouveau ballet.

Nadine se frôle contre moi, tout en parlant. Et je m’écarte, horriblement confuse, pour la première fois, d’être vue avec elle. Je surveille la table voisine, où je devine les grands yeux