Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/159

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— Comme je suis heureux que ta situation te mette à l’abri de cette débâcle, Nicole !

C’est vrai : tandis que mon pauvre Bernard va s’embourber, se débattre, peut-être se ruiner, au milieu de ces tripotages, moi — grâce à sa générosité passée — je reste riche, indépendante, hors de la bourrasque.

Ton rôle ne se dessine-t-il point, Nicole, après ces paroles que Paul vient de prononcer innocemment ?

Tu es bien allée chez Léon Brochard sans dessein, sans excuse, par perversité, pour défier bêtement la jalousie, sinon légitime, du moins très humaine, de ton amant. Tu peux donc risquer cette démarche, aujourd’hui que ton but est de sauver l’homme loyal et affectueux qui te fit le destin d’une Danaé, te comblant à la fois, d’or et de caresses… Ta seconde visite à l’ex-ministre sera la rançon de la première.

Ma décision est prise. Irrévocablement. J’ai achevé de m’habiller, pendant cette conversation. Je retourne dans ma chambre où Lucy, exécutant mes ordres, a déposé sur le lit le costume de serge noire et le panama entortillé de gaze bleue… Cette toilette m’évoque le gentil