Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/165

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Une main me frappe sur l’épaule.

— J’étais devant vous, chère amie. Pourquoi guettiez-vous de l’autre côté ?

Julien Dangel me salue d’un sourire assuré. Ses yeux sont plus bleus que jamais et il a gardé des bribes de soleil dans sa moustache aux pointes dorées. Comment ! C’est ce jeune idiot qui me hélait de la sorte… J’ai envie de le gifler.

Malheureusement, les privautés que je lui ai permises, l’autre soir, m’obligent à prendre un air aimable : c’est l’engrenage.

Julien dit, après avoir baisé ma paume, par le creux du gant :

— Je me rendais chez vous, justement.

— Sapristi !… Vous n’avez pas choisi le bon moment…

— Si. Je l’ai choisi, exprès.

Julien appuie ses paroles d’un regard drôle. Je remarque seulement sa mine singulière. Je demande :

— À quel propos ?…

Julien interrompt doucement :

— Je lis les journaux, Nicole… J’ai appris la nouvelle, ce matin. J’ai pensé à vous, à votre ami…