Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/172

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dans le ministère des aventures d’amour, ils ne possèdent pas le même portefeuille.

Pourquoi cet infortuné Dangel m’inspire-t-il une défiance incoercible ? En apprenant mes ennuis, il est accouru tout de suite : c’est gentil… ou c’est habile.

Hélas ! Je sais bien, au fond, quelle est la source de cette méfiance envers ceux qui prétendent m’aimer : un jour étant enfant, je me rendis malade en absorbant des fruits de belladone que j’avais pris pour des cerises. Depuis cet accident, je ne peux plus manger de cerises : à leur vue, j’éprouve une répulsion irraisonnée.

Mon premier amour m’a laissé un goût d’amertume dans la bouche : je crois que tous les autres sont empoisonnés.

Je doute de ce Julien Dangel équivoque et charmant, parce que Claudières me trompa jadis, et je cherche à sauvegarder Sylvie, cette nouvelle Nicole, plus naïve, plus douce, — mais aussi passionnée. Seule, l’affection de Paul m’emplit de sécurité : elle s’est manifestée avant de se raconter.

L’amour est une addition douteuse : il faut commencer par en faire la preuve.