Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/182

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viens vous demander, en grâce, de me porter secours à moi… De faire rendre justice à Landry, pour moi… Vous avez le pouvoir de tout obtenir. Et si j’ose tenter cette démarche, c’est que mon geste n’est point aussi vilain qu’il en a l’air… Personnellement, les éclaboussures de l’Affaire Colin ne sauraient m’atteindre… Ma sollicitude envers Landry n’a pas de motif égoïste…

— Vous parlez par énigmes.

— Bref, je ne mendie pas, moi. Et… et… quand je sollicite, quand je brigue une faveur d’importance, c’est à la façon de quelqu’un qui propose un… troc. Si vous l’acceptez, je suis prête à… à vous payer.

— En monnaie de sphinge ?

— Monsieur Brochard !…

Anxieuse, honteuse, j’attends mon arrêt. Mon sang se précipite avec un afflux violent qui picote mes joues empourprées. Je glisse un regard timide sur Léon Brochard : il sourit, impitoyable, ses yeux pétillent d’une joie mauvaise, ses mains pianotent gaiement sur le canapé. Aucune émotion : je suis perdue. Ah ! çà, fut-il changé en glacier, cet homme de braise, depuis le jour où je l’ai quitté ?