Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/194

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laquelle les Parisiens de mil neuf cent trois s’intéressèrent ardemment ?

Qui se souviendra même d’une affaire vieille de quatre ans ?

Le Temps roule son flot d’immondices comme la Seine charrie ses épaves : il n’en reste rien, le courant passé.

Parfois, un homme exhume l’un de ces scandales d’antan afin d’éclabousser la pourpre d’un puissant : tel celui qui ramasse un caillou gisant depuis longtemps au fond du fossé, pour le jeter entre les jambes du passant. Alors, les hommes, tout étonnés, essaient de reconnaître, de rapprendre leurs passions d’hier, devenues étrangères.

Demain, l’Affaire Colin ira rejoindre ses aînées, au delà du Léthé. Mais, hélas ! en attendant l’heure, elle jouit d’une redoutable actualité : c’est la question du jour. Et le moment présent est tout.

Le passé nous fait pleurer. L’avenir nous fait rêver. Seul, le présent nous fait vivre. Il s’agit de lutter contre ce terrible aujourd’hui.

Me rappelant une phrase de Léon Brochard, qui, prononcée dans la colère, me fut un conseil inconscient et profitable, je suggérai à Paul