Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Puis-je me juger : je ne pense qu’à vous. Peu m’importe ma conduite à l’égard des autres.

— Mauvaise excuse. Savez-vous ce que j’arrive à supposer, Julien ?

(Je toise ce blondin sec dont la passion détonne, exprimée par ces lèvres pincées ; il a le regard d’acier des arrivistes, le front dur de l’ambitieux.)

— Je suppose, monsieur Dangel, que la dupe de votre comédie n’est peut-être pas cette petite Sylvie… mais, au contraire, votre humble servante.

— Que voulez-vous dire, Nicole ?

— Que l’on voit souvent des jeunes gens parfaitement avisés courtiser la Chèvre-Aventure, cependant qu’ils regardent mûrir dans leur potager le chou confortable du beau mariage.

— Nicole ! êtes-vous aveugle pour vous méprendre à ce point-là ? Méfiante ! Vous cherchez un calcul dans ma folie même. Mon amour m’a fait commettre des sottises, et ces sottises vous paraissent astucieuses. Vous ne sentez donc pas que j’aime pour la première fois et que je me suis livré à jamais ? Depuis que vous