Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/252

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Un après-midi, nous entrons dans la cour d’une ferme pour boire du cidre mousseux. Le décor rustique m’agrée médiocrement ; l’aboiement étranglé du chien à l’attache, le reniflement bestial des porcs, les immondices qui jonchent le sol, les émanations de lait suri et d’excréments qui s’échappe de l’étable… Cela rebute ma délicatesse.

Mais Sylvie s’écrie tout à coup, avec une joie exubérante :

— Oh ! il y a une balançoire !

Elle bondit vers un clos de pommiers où s’échelonnent des tables et des escabeaux qui transforment la métairie en auberge champêtre. Dans un coin, une escarpolette.

— Venez me pousser, Nicole !

Sylvie s’est hissée sur la planchette avec ses manières si irritantes de grande gosse. Et je l’aide au jeu puéril, renvoyant, comme une balle, le petit corps solide qui s’élève plus haut à chaque coup. Rythmé aux grincements de l’anneau, au sifflement de la corde tendue, le vol de Sylvie s’accélère. Un élan : la forme