Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/264

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— Je n’y ai jamais été mise.

Les hommes ont une manière bizarre de juger nos actes. Celui-ci n’est guère vicieux : cependant, il m’écoutait, une lueur de plaisir au fond des yeux ; il ne songe pas à la pointe de corruption que décelait ma confidence, à l’apport moral que j’engageai dans cette affaire sentimentale, mais il ne voit que le fait accompli : rien, ou presque rien. Nulle rivalité masculine à redouter (le seul point important). Et il traite cela comme une gaminerie de pensionnaire.

L’indulgence amusée de Paul m’effare. Je suis déconcertée, démoralisée.

Adam, lorsqu’il s’agit de dépraver Ève, tu t’y entends beaucoup mieux que le Malin…

Bernard explique, d’ailleurs, sa pensée :

— Tu comprends, Nicole, je te pardonnerais plutôt un faible pour cette jolie brunette à laquelle tu souriais, un jour, au Bois, qu’un flirt moins anodin… plus vexant… Son fiancé, par exemple… Ce Julien Dangel que je connais à peine et qui vient si souvent chez toi… Il te fait la cour, hein ?

— Oh ! Lui… Il se dit amoureux de moi… Mais, je serais incapable de fixer la nature des