Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/282

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princesse… » J’ai trouvé le ressort. M. Yves, vous êtes un poseur : c’est par le snobisme qu’on vous prend.

À présent, je conçois le motif de son attention aiguisée dès que Nadine m’eut nommée : mon hôtel, mon prestige de femme richement entretenue, d’Aspasie moderne… Il n’en fallait pas plus pour éveiller le désir de ce dandy journaliste. Je recouvre une lueur d’espoir : M. Yves n’est plus que la moitié d’un homme intelligent.

Le voici tout à fait libre avec moi : il rit, plaisante, jure, débarrassé de sa froideur de commande. Il s’écrie, soudain :

— Fichtre ! J’allais oublier l’heure… Je dois remettre ces paperasses au patron… Attendez-moi, jeunes déesses.

Et file rapidement. J’écoute le bruit mat du vantail retombant sur lui. Je suis seule, ou presque… Penchée vers la glace de la cheminée, Nadine époussète consciencieusement le bout de son nez avec une houppette à poudre de riz : je n’existe plus à ses yeux. Les trois portes du cabinet sont bien fermées… Sournoise, je me rapproche de la grande table encombrée. Des lettres s’étalent, tout ouvertes ;